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Entretien avec Jean Castel, président du groupe R’MIN à Rennes


Jean Castel est président de notre groupe économique solidaire R’MIN à Rennes. Investi depuis très longtemps dans l'insertion par l'activité économique et l'aide aux plus vulnérables, il a accepté de répondre à nos questions et nous l’en remercions.


Pouvez-vous nous parler de la genèse du groupe, ce qui a justifié sa création ?


Acteurs de l’insertion par l’activité économique via des structures déjà existantes comme Start’Air à Rennes ou Relais Emploi à Bruz, nous avions à cœur de construire des parcours professionnalisants pour notre public, c’est-à-dire des personnes écartées du marché du travail pour des raisons souvent indépendantes de leur volonté : discriminations de toutes sortes, santé, difficultés de logement, etc.


Ainsi notre action vise à aider à résoudre tant les problèmes sociaux grâce au réseau que l’accès à l’emploi par une sorte d’alternance. En créant le groupe R’MIN, nous voulons renforcer la coordination des acteurs de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE) : associations intermédiaires, entreprises de travail temporaire, chantiers d’insertion, etc. Ce regroupement facilite non seulement les parcours professionnels mais aussi les relations avec les institutions, les entreprises, etc., et permet d’entrevoir des développements intéressants.




Le groupe R’MIN est adhérent à la fédération Coorace. Que vous apporte cette adhésion dans le cadre de vos missions ?


La fédération COORACE accompagne près de 600 adhérents spécialisés dans l’insertion par l’activité économique et porte des valeurs auxquelles les administrateurs d’R’MIN, dont moi, sont sensibles : agir avec les personnes pour l’accès à l’emploi, vouloir l’inclusion et lutter contre les discriminations, favoriser des projets de développement durable des territoires. Nous partageons ces ambitions. Ainsi nous travaillons de pair avec la délégation régionale, Coorace Bretagne, qui a, d’ailleurs, accompagné la création du groupe R’MIN.






Quelles sont les fonctions d’un président au sein d’une entité socioéconomique aussi importante que le groupe R’MIN ?


Je suis un président bénévole, comme tous les membres du Conseil d’Administration. J’anime ce collectif de citoyens militants. Je travaille étroitement avec la direction du groupe pour la réalisation des objectifs définis en Conseil d’administration et je représente le groupe R’MIN en tant que de besoin au conseils d’administration de COORACE BRETAGNE, de la CRESS, de la fédération nationale COORACE, au collectif de lutte contre la pauvreté ALERTE BRETAGNE et au CLE, Comité Local de l’Emploi du projet TZCLD, Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée du quartier du Blosne à Rennes.



« Nous avons tous vu combien la « seconde ligne » a été applaudie

pendant la période du COVID pour finalement ne pas en tirer tant de respect

et de reconnaissance que cela. L’idée de refuser un asservissement jusqu’à 64 ans

rejoint cette idée de ne pas supporter trop longtemps un travail non reconnu ».



Aujourd’hui, il semble que la valeur travail soit en pleine mutation. L’engagement des jeunes dans les manifestations contre la retraite à 64 ans en est, certainement, une illustration. Quelle est votre analyse sur ce sujet ?


Les jeunes, mais pas que les jeunes, refusent de confondre « emploi » et « travail ». L’emploi permet un revenu. C’est donc essentiel. Le travail est plus à rapprocher de l’activité souhaitée, valorisante, qui donne le sentiment d’être utile aux autres. Nous avons tous vu combien la « seconde ligne » a été applaudie pendant la période du COVID pour finalement ne pas en tirer tant de respect et de reconnaissance que cela. L’idée de refuser un asservissement jusqu’à 64 ans rejoint cette idée de ne pas supporter trop longtemps un travail non reconnu. A tous d’en tirer les conséquences. Nous cherchons à améliorer aussi la qualité de vie en emploi.




L’insertion par l’activité économique est, encore, en pleine effervescence. De nombreux changements sont annoncés. Les perspectives vous semblent-elles rassurantes ?


Je vois un double mouvement : à la fois, les pouvoirs publics, nationaux et locaux, découvrent l’intérêt de l’insertion par l’activité économique et, dans le même temps s’apprêtent à limiter les moyens engagés. Je pense que les meilleures solutions ne seront trouvées qu’à une échelle locale, entre acteurs locaux et personnes concernées. Mais avec quelle réelle autonomie ? A quel point les financeurs publics y sont prêts ? Le budget du groupe R’MIN dépend peu des financements publics, mais notre action se veut et doit être en liaison étroite avec la politique territoriale de l’emploi.


Parodie du logo France travail trouvée sur Twitter « Traversez la rue et vous trouvez du travail »

Que pensez-vous du rapport qui vient de sortir sur France Travail ?


Il est difficile de prendre position actuellement car tout est encore en mouvance.


Cependant, à la première lecture, rien ne semble être proposé pour amener les sans-emploi à vouloir avoir recours à France Travail. Un rapport de confiance me semble fondamental entre le public et l’institution !


Je m’interroge également sur la garantie de l’emploi pour chacun quand je lis ce rapport. N’est-ce pas fondamental pour solidifier une société, pour cultiver un rapport donnant-donnant, un pacte entre tous par rapport à l’emploi ?


De plus, je n’ai rien vu sur la simplification des procédures pour les demandeurs d’emploi : pré-inscription, dossier compliqué, actualisation, etc., tout ce qui amène nombre de jeunes (et moins jeunes) à renoncer ou à être radiés sans même le savoir... Vous savez, au sein d’R’MIn et de ses structures, nous côtoyons quotidiennement les demandeurs d’emploi, tenons compte de leur réalité, de leurs difficultés. Ces personnes ont besoin de simplification, de fluidité dans leurs rapports aux institutions… Comme tout à chacun d’ailleurs !


Le rapport parle aussi d’aider les entreprises à développer leur » employeurabilité » (Monsieur Castel utilise ici volontairement le néologisme « employeurabilité" qui a été inventé dans le rapport Borello sur l'IAE alors que le mot « employabilité » concerne les salariés potentiels et non les employeurs – note du rédacteur).


Je dirais également qu’on ne trouve rien dans ce rapport sur les évolutions des besoins économiques actuels qui amènent plus de segmentation, de saisonnalité, de travaux éphémères, de précarité hors salariat, etc.


« ce projet très administratif, et même,

de mon regard, très technocrate »

( à propos du rapport sur France Travail)


Autre remarque : où est l’implication des partenaires sociaux, notamment bien entendu des employeurs dans ce projet très administratif, et même, de mon regard, très technocrate ?


Enfin, je ne lis pas dans ce projet une approche sur les moyens à mettre en œuvre…

Tout ceci est très préoccupant pour nous qui accompagnons les demandeurs d’emploi, qui les embauchons, qui les accompagnons…





Peut-on parler de militantisme dans vos fonctions de Président ? Si oui, quel est alors le combat, les revendications de votre conseil d’administration ?


Oui, on peut parler de militantisme pour une société inclusive, le développement durable, c’est-à-dire économique, social et environnemental. Notre volonté est d’élargir les accès à l’IAE, de pouvoir proposer plus de solutions diversifiées aux travailleurs que nous accompagnons, de revaloriser notre apport (accueil universel, liberté de conclure, prise en compte des situations individuelles) …


Si vous deviez qualifier les missions et la raison d’être du groupe R’MIN en 3 mots, que diriez-vous ?


Emploi, Territoire inclusif, qualité des parcours d’insertion professionnelle.




« J’espère que, dans 10 ans, le groupe R’MIN apparaitra

comme un acteur agissant sur tous ces domaines avec l’ensemble

des partenaires du Pays de Rennes ».


Comment voyez-vous le groupe R’MIN dans 10 ans ?


Devant nous, de grands défis : le changement climatique, le besoin écologique, la liberté de circulation pour toutes les migrations, la maîtrise de la technologie. J’espère que, dans 10 ans, le groupe R’MIN apparaitra comme un acteur agissant sur tous ces domaines avec l’ensemble des partenaires du Pays de Rennes.


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